Pour l’OCDE, la crise «sans précédent» des réfugiés risque de durer
- Jp Louis
- 27 sept. 2015
- 3 min de lecture

Migrants et réfugiés à la frontière gréco-macédonienne, près de Gevgelija, le 22 septembre
2015. AFP PHOTO / NIKOLAY DOYCHINOV
L’OCDE publie son rapport sur les migrations internationales au moment où l’Europe est confrontée à un afflux de réfugiés sans précédent. Plus de 800 000 demandes d’asile ont été enregistrées en 2014 dans les 34 pays développés qui constituent l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). En 2015, l’OCDE estime que le million de demandes devrait être atteint dans l’Union européenne, mais que celle-ci « a les moyens » de faire face à la crise.
Intitulé « Perspectives des migrations internationales 2015 », le rapport qu’a rendu public l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) le 22 septembre qualifie de « sans précédent » la crise actuelle des réfugiés. « Au cours des six premiers mois de 2015, environ 137 000 personnes ont débarqué sur les côtes grecques, italiennes, maltaises et espagnoles, ce qui correspond à une hausse vertigineuse de 83 % par rapport aux 75 000 observées sur la même période de 2014, constatent les experts. Le fait que ces arrivées ne comportent pas seulement des réfugiés potentiels, mais aussi des migrants qui n’ont pas toujours un besoin de protection avéré ajoute une pression supplémentaire ».
Pas d’amélioration prochaine Au vu des mouvements migratoires qui s’amplifient depuis le début de 2015, l’OCDE estime que le million de demandes d’asile devrait être atteint en fin d’année auprès des pays de l’Union européenne. Selon l’Organisation, « de 350 000 à 450 000 » demandeurs devraient obtenir la protection sollicitée. « La grande diversité de trajets, de pays d‘origine et de motivations » font que « cette crise [est] particulièrement difficile à traiter », remarque l’OCDE. De plus, rien ne permet d’envisager une amélioration prochaine au regard du conflit en Syrie, de l’instabilité en Libye, en Afghanistan et en Irak. Bien au contraire, « à court terme les perspectives sont minces de voir la situation se stabiliser significativement dans les principaux pays d’origine » avertit l’OCDE. L’organisation ajoute également « les facteurs économiques et démographiques dans les pays d’Afrique subsaharienne qui vont continuer pousser à émigrer de même que la pauvreté élevée et le chômage dans les Balkans occidentaux ». « Le coût humain de cette crise des réfugiés est terrifiant ; il est essentiel que les pays trouvent rapidement une façon équitable de répartir les réfugiés en Europe, et qu’ils veillent à ce que toutes ces personnes en difficulté, aussi nombreuses soient-elles, aient de quoi se loger, se nourrir et subsister, a déclaré Angel Gurria, le secrétaire général de l'OCDE. Les pouvoirs publics devront aussi prendre les mesures qui s’imposent à moyen et long terme pour remédier à cette crise », a-t-il ajouté. « L’Europe a les moyens »
La crise risque donc de durer et cela souligne l’urgence qu’il y a notamment pour l’Europe à s’entendre pour déployer de nouveaux moyens face à cette « circonstance exceptionnelle », sans pour autant, insiste l’organisation, « perdre de vue que les systèmes de gestion des migrations légales doivent aussi être constamment adaptés par rapport aux évolutions économiques et démographiques, à la concurrence internationale pour attirer les talents et aux leçons tirées des politiques et des expériences passées. Ces migrations permanentes concernent un million de personnes par an en Europe, autant aux Etats-Unis et 4,3 millions pour les 34 pays de l’OCDE. Pour ce qui est des demandes d’asile, « les principaux pays de destination sont l’Allemagne, les États-Unis, la Turquie, la Suède et l’Italie. La France est seulement sixième, après avoir longtemps été un des trois principaux pays de destination. C’est aussi le seul pays parmi les dix principaux pays d’accueil à ne pas avoir connu d’augmentation des flux des demandeurs d’asile, souligne l’OCDE, (…) alors que les demandes d’asile dans la zone OCDE ont augmenté de façon constante depuis 2010 ». Ainsi, la population née à l’étranger dans les 34 pays de l’OCDE s’établissait à 117 millions de personnes en 2013, soit 35 millions de plus qu’en 2000. La crise actuelle exige certes des réponses rapides, mais au-delà de l’organisation de sauvetages et de la répartition des arrivants entre pays européens, il faut « se concentrer sur des mesures d’urgence et accélérer le traitement des demandes d’asile », recommande l’OCDE. Les auteurs du rapport jugent par conséquent qu’il est « urgent de s’attaquer à certaines racines de la crise et d’apporter une réponse politique, coordonnée et complète. L’Europe a les moyens et l’expérience pour répondre à cette crise », veut encore croire un des responsables de la division des migrations internationales à l’OCDE.
Source : Rfi
Comments